Le nouveau Bauhaus en faveur de l’émergence de la culture européenne

di Bernard Hugonnier

Abstract :

The new Bauhaus in favor of the emergence of European culture

If the European Union (EU) does have a particular identity that everyone recognizes, is this identity nonetheless based on a recognized common culture? Not exactly yet. This is undoubtedly at the origin of the fact that the founders of the European Union chose the method advocated by Jean Monnet of building this Union around institutional and socio-economic projects, while underestimating the fact that it does not There is no true union without sharing common values, ethical and aesthetic, only deeply able to unite peoples because it is around objectives that bring hope that this can only be achieved. Other than culture, nothing can indeed perfect belonging to a common whole. It is therefore around a sharing of their cultures that in the future the countries which claim to be members of the EU will be able to form a more sovereign, more resilient, more sustainable and more inclusive Union.

The purpose of the European Cultural Project (PCE) is to respond to contribute to this objective through a proposal for a European strategic partnership submitted to the Erasmus + France Agency which will give its response by the end of next October. . Ten partners are part of the project; they come from the following ten countries: Germany, Austria, Spain, France, Ireland, Italy, Lithuania, Netherlands, Romania, Czech Republic. The ten partners have agreed on a list of seven categories according to which European culture can be established. The next step will be to teach European culture in a primary and secondary school in each country in order at the end of the school year to assess the pupils’ knowledge acquired not only in European culture but also in European citizenship. The project will ultimately analyze all the results to assess the possibility of bringing the project to the level of all 27 European countries.

In analyzing and comparing the approaches and philosophies underlying the new Bauhaus and the PCE, one is led to notice that the two programs present great similarities. Indeed, both are:

• Think and do tanks; interdisciplinary movements; transformative projects which are at the crossroads between art, culture, and science, which empower the most inspiring practices of today, intend to build a better future thanks to creativity, innovation and imagination and whose achievements are made in an innovative, inclusive and creative way.

These two projects working towards similar objectives, we can conclude that the new Bauhaus is in favor of the emergence of European culture, which can only strengthen the “soft power” of the European Union in the world.

Thanks to the European Cultural Project, a humanist project, the European Union will thus be the bearer of hope and it will be a model for building a world where prosperity will reign, but also justice and equity.

Il nuovo Bauhaus a favore dell’emergere della cultura europea

Se l’Unione europea (UE) ha un’identità particolare che tutti riconoscono, questa identità si basa comunque su una cultura comune riconosciuta? Non esattamente ancora. Questo è senza dubbio all’origine del fatto che i fondatori dell’Unione Europea hanno scelto il metodo auspicato da Jean Monnet per costruire questa Unione attorno a progetti istituzionali e socio-economici, sottovalutando il fatto che non esiste. Non c’è vera unione senza condivisione valori comuni, etici ed estetici, capaci solo profondamente di unire i popoli perché attorno a obiettivi che portano speranza che solo questo possa essere raggiunto. Altro che cultura, nulla può infatti perfezionare l’appartenenza a un insieme comune. È quindi attorno alla condivisione delle loro culture che in futuro i paesi che si dichiarano membri dell’UE potranno formare un’Unione più sovrana, più resiliente, più sostenibile e più inclusiva.

Lo scopo del Progetto Culturale Europeo (PCE) è rispondere per contribuire a questo obiettivo attraverso una proposta di partenariato strategico europeo presentata all’Agenzia Erasmus + Francia che darà la sua risposta entro la fine del prossimo ottobre. Dieci partner fanno parte del progetto; provengono dai seguenti dieci paesi: Germania, Austria, Spagna, Francia, Irlanda, Italia, Lituania, Paesi Bassi, Romania, Repubblica Ceca. I dieci partner hanno concordato un elenco di sette categorie in base alle quali si può stabilire la cultura europea. Il prossimo passo sarà quello di insegnare la cultura europea in una scuola primaria e secondaria di ogni paese al fine di valutare alla fine dell’anno scolastico le conoscenze acquisite dagli alunni non solo nella cultura europea ma anche nella cittadinanza europea. Il progetto analizzerà infine tutti i risultati per valutare la possibilità di portare il progetto al livello di tutti i 27 paesi europei.

Analizzando e confrontando gli approcci e le filosofie alla base del nuovo Bauhaus e del PCE, si è indotti a notare che i due programmi presentano grandi somiglianze. Entrambi, infatti, sono:

• Think and do tanks; movimenti interdisciplinari; progetti trasformativi che sono al crocevia tra arte, cultura e scienza, che potenziano le pratiche più stimolanti di oggi, intendono costruire un futuro migliore grazie alla creatività, all’innovazione e all’immaginazione e i cui risultati sono realizzati in modo innovativo, inclusivo e creativo.

Poiché questi due progetti lavorano per obiettivi simili, possiamo concludere che il nuovo Bauhaus è a favore dell’emergere della cultura europea, che non può che rafforzare il “soft power” dell’Unione europea nel mondo.

Grazie al Progetto Culturale Europeo, progetto umanista, l’Unione Europea sarà così portatrice di speranza e sarà un modello per costruire un mondo dove regnerà la prosperità, ma anche la giustizia e l’equità.

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L’Union européenne n’est pas un continent, ses frontières sont incertaines, vingt-sept pays la composent actuellement, chacun revendiquant sa propre langue et sa propre culture. Cependant, berceau de la démocratie et de deux grandes religions (catholicisme et protestantisme) ; berceau également des débats cruciaux opposant liberté individuelle et ordre social ; berceau aussi des premières révolutions ; berceau par ailleurs des lumières qui ouvrit les êtres humains au monde du libre arbitre et de la libre entreprise ; berceau enfin des plus grandes créations occidentales artistiques, l’Europe a bien une identité particulière que chacun lui reconnait.

Cette identité se fonde -t-elle cependant sur une culture commune reconnue ? Pas exactement encore. À l’origine sans doute de cette situation le fait que les fondateurs de l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui ont choisi la méthode prônée par Jean Monnet de construire cette Union autour de projets institutionnels et socio-économiques, en sous-estimant le fait qu’il n’y a pas de véritable union sans partage de valeurs communes, éthiques et esthétiques, seules profondément en mesure de rassembler les peuples car c’est autour d’objectifs porteurs d’espoirs que cela se peut seulement se réaliser. Autre que la culture, rien ne peut parfaire l’appartenance à un ensemble commun. C’est donc autour d’un partage de leurs cultures que demain les pays qui revendiquent leur appartenance à l’Europe pourront constituer une Union plus souveraine, plus résiliente, plus soutenable et plus inclusive.

Mais pour l’heure, peu a vraiment été fait pour déterminer les caractéristiques d’une culture européenne, fondement d’une citoyenneté. Seule évidence : plongeant ses racines dans celles de pays aussi nombreux que différents, la culture européenne est essentiellement et nécessairement polymorphe, ce qui lui confère un caractère propre particulier. En effet, comme le notait Edgar Morin, n’ayant pas une essence unique, la culture européenne est ni uniculturelle, ni multiculturelle ; elle est interculturelle, reflétant le fait que l’Europe est un « bouillon » de culture, une complémentarité antagoniste entre des héritages culturels différents : hellène, romain, judéo-chrétien, etc. »[1] , ce que sa devise « Unie dans la diversité́ » représente bien. La culture européenne est donc le fruit d’influences croisées entre les 27 pays de l’UE, un fruit n’ayant pas encore atteint sa dimension optimale car les interconnexions culturelles entre les pays doivent encore se développer.

La culturelle européenne résultera donc d’une osmose avec les cultures nationales qui continueront chacune leur développement en nourrissant la première, sans que celle-ci devienne une sorte de panoptique les contrôlant ou les étouffant, au contraire. 

Reflétant en permanence les évolutions des cultures nationales, la culture européenne ne sera donc pas figée à un moment donné. Inversement la culture européenne pourra inciter les cultures nationales à s’enrichir en s’inspirant de ses propres évolutions. Il en résultera des effets multiplicateurs bénéfiques d’évolutions réciproques conduisant à un scintillement général suivant une approche irénique.

Est-il besoin de souligner l’extraordinaire richesse de la culture européenne ? Il suffit de rappeler que les  mouvements révolutionnaires, sont pour la plupart nés en Europe – que les idées en philosophie politique de Hobbes, Hume, Locke et Rousseau, mais aussi les principales idéologies qui ont changé le monde comme le libéralisme, le socialisme et le marxisme sont originaires du continent européen ;  que les grandes valeurs sur lesquelles les sociétés occidentales se sont bâties, sont pour l’essentiel d’origine européenne à commencer par celles nées des Lumières mais aussi d’autres primordiales telles la liberté, l’égalité, les droits de l’homme, la démocratie, la protection des minorités, ou encore l’État de droit, l’État-nation et l’État providence. Mais on peut également rappeler que le capitalisme et la révolution industrielle sont nés en Europe ; que les premières métropoles, qui y sont apparues au XIXème siècle, ont conduit au développement d’un modèle rapidement suivi dans le monde et, plus anecdotique, que le roman, en tant que nouveau grand genre littéraire, très vite reproduit dans le monde, est né en Europe[2].

Rappelons aussi que la construction de la culture européenne passe par la reconnaissance de l’existence, parmi les pays européens, d’un patrimoine commun qui est constitué́ d’éléments d‘ordres géographique, historique, économique, social, intellectuel moral et artistique et notamment :

  • Les héritages de la Grèce, de l’empire romain et de ses avatars successifs, les échanges d’idées qui n’ont jamais cessé, les mélanges de populations incessants, les influences réciproques ;
  • Les rites, les symboles, les arts, les guerres, les héros, les croyances collectives, les mythes.
  • Un patrimoine commun fruit d’une synergie des cultures européennes entre elles qui se manifeste dans de nombreux domaines tels que l’Histoire, les arts, la littérature, les langues, les traditions, etc. dont on hérite, que l’on apprend et que l’on souhaite partager.
  • Un destin commun ou partagé par association (dates, évènements) mais aussi par oposition ou différenciation (diversité du traitement).
  • Des valeurs communes qui donnent aux êtres humains leur raison d’être et d’agir.
  • Des pensées des philosophes, des artéfacts, des mythes et des légendes, des goûts et des saveurs, des croyances et des aspirations qui ont enrichi notre continent, des conflits et des épidémies qui les ont détruits et dévastés, puis réunis et réconciliés.

La culture européenne devra également reconnaître ses fondations, celles de l’Union européenne telles qu’elles apparaissent dans la Déclaration et le Plan de Robert Schuman, du 9 mai 1950, que l’on peut considérer comme la date de naissance de cette Europe à laquelle cette même culture doit permettre aux Européens de continuer à croire et à rêver.

De la Déclaration de Schuman on retiendra d’abord que « la contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques…L‘Europe ne se fera pas d’un coup, elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait ».

Le développement d’une culture européenne répond aux principes énoncés par cette Déclaration : c’est une réalisation concrète qui, en conduisant les Européens à prendre conscience de la valeur de leur patrimoine culturel, créera entre eux une solidarité pour le protéger, mais également pour le développer et le partager.

Du Plan Schuman, on retiendra la définition d’un esprit européen « caractérisé par la volonté de paix, de solidarité et de compréhension réciproque [2]», valeurs autour desquelles la culture européenne devra naturellement être développée.

Pour aboutir à cet objectif, le chemin à parcourir sera long et sinueux. En effet, une fois la culture européenne élaborée, le renforcement de la citoyenneté européenne ne sera pas automatique. Alors que le nationalisme est encore fort dans de nombreux pays, au détriment de tout ce qui pourrait réunir les Européens et les rendre fiers d’appartenir à une communauté solidaire, c’est une pédagogie éminemment politique qu’il vonviendra de mettre en place.

Le projet culturel européen

Le projet culturel européen (PCE) est une proposition de partenariat stratégique européen qui a été faite à l’Agence Erasmus + France qui donnera sa réponse d’ici la fin du mois d’octobre prochain. Dix partenaires font partie du projet ; ils sont en provenance des dix pays européens suivants : Allemagne, Autriche, Espagne, France, Irlande, Italie, Lituanie, Pays-Bas, Roumanie, République Tchèque. Les dix partenaires se sont entendus sur une liste de sept catégories suivant laquelle la culture européenne pourrra être établie. Dans un premier temps, chaque partenaire consultera une série d’experts afin de l’aider à faire émerger la culture européenne vue de « sa fenêtre ». Dans un second temps, les dix partenaires mettront en commun leurs résultats pour faire émerger ensemble la culture européenne commune.  L’étape suivante consistera à enseigner dans une école primaire et une école secondaire dans chaque pays la culture européenne ainsi établie pour à la fin de l’année scolaire évaluer les connaissances des élèves acquises en matière de culture européenne mais également de citoyenneté européenne. Le projet analysera in fine l’ensemble des résultats pour évaluer la possibilité de porter le projet au niveau de l’ensemble des 27 pays européens.


Le projet culturel européen, un  projet post-Covid

Avec l’apparition depuis le début de l’année en cours de la pandémie du Covid-19, les priorités du monde se sont trouvées bouleversées. Désormais trois objectifs essentiels prévalent : substituer à la mondialisation une régionalisation de la production des biens et services : la santé, et l’écologie (notamment la préservation des ressources naturelles et la réduction du réchauffement planétaire qui semble pour l’heure inéluctable). Le premier objectif exige un changement important dans le mode de production, de consommation et de communication ; le second nécessite une modification profonde du mode de vie (pour mieux se protéger et protéger les autres en matière de santé) et le dernier impose de réduire toute activité pouvant impacter négativement l’écosystème dans le monde.

Une autre culture est ainsi nécessaire et ce dans tous les pays européens, ce qui ne peut que les rapprocher à la condition que des mesures communes soient prises pour atteindre les trois objectifs donnés à l’instant. Par des actions fortes et communes, l’Europe pourrait ainsi montrer l’exemple dans le monde.

Le projet culturel européen, un projet en droite ligne du nouveau Bauhaus

En analysant et en comparant les approches et les philosophies sous-jacentes au nouveau Bauhaus et au Projet Culturel Européen, on est amené à remarquer que les deux programmes présentent de grandes similitudes. En effet, l’un et l’autre sont des[1] :

• Des think et des do tanks

• Des mouvements interdisciplinaires

  • Des projets transformatifs…
  • Au carrefour entre art, culture et sciences…

• Qui autonomisent les pratiques les plus inspirantes d’aujourd’hui…

• Qui entendent bâtir un avenir meilleur grâce à la créativité, l’innovation et    l’imagination et

• Dont les réalisations se font de façon innovante inclusive et créatrice.

Ces deux projets œuvrant vers les des objectifs proches, on peut conclure que le nouveau Bauhaus est certainement en faveur de l’émergence de la culture européenne qui ne pourra que renforcer par ailleurs la « soft power » de l’Union européenne dans le monde.

Grâce au Projet culturel européen, projet humaniste, l’Union Européenne sera ainsi porteuse d’espérances et elle sera un modèle pour construire un monde où règnera la prospérité mais aussi la justice et l’équité.

[1] Morin, E. (1987), Penser l’Europe. Folio Gallimard

[2] David, J & David. T. (2017). In Histoire du monde au 19ème siècle. Fayard.


[3] Comparaison établie à partir du document suivant : https://europa.eu/new-european-bauhaus/system/files/2021-01/New-European-Bauhaus-Explained.pdf


Bernard Hugonnier,

Formation en économie et philosophe politique, actuellement professeur de sciences de l’éducation à l’Institut catholique de Paris, président de l’association des retraités et de la caisse de retraite de l’OCDE ; membre de Whiteshield Partners (un cabinet de conseil à Londres), Ancien expert international de l’OCDE, il a travaillé dans les domaines suivants : macroéconomie, contrôle des changes, régulation des multinationales, politique territoriale, politique de l’éducation.

Formazione in economia e filosofo politico, attualmente professore di scienze dell’educazione all’Istituto Cattolico di Parigi, presidente dell’associazione dei pensionati e del fondo di previdenza OCSE; membro di Whiteshield Partners (una società di consulenza Londra). Ex esperto internazionale dell’OCSE, ha lavorato nei seguenti campi: macroeconomia, controllo dei cambi, regolamentazione delle multinazionali, politica territoriale, politica dell’istruzione.